Le théâtre est-il soluble en Lituanie ?
Le Collectif des Esprits Solubles, un groupe d'une vingtaine d'étudiants
de l'Insa, se lancera sur les routes de Lituanie dès le début du
mois d'août pour présenter un spectacle qui a autant pour but l'art et
ses richesses que les échanges et les rencontres.
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L'histoire commence en 1997 quand une vingtaine d'étudiants
travaillent pendant deux mois et donnent naissance à un spectacle,
Les Esprits Solubles, qu'ils jouent gratuitement à l'occasion de diverses
manifestations sur le campus et à Villeurbanne.
[...]
En parallèle avec leurs études, à raisons de deux ou trois
réunions par semaine et de répétitions le soir et le
week-end le collectif, qui compte aujourd'hui une trentaine d'adhérents,
a réussi à mener à bien la création de trois
spectacles, Hamlet-Machine, Même si et Pentacle,
et la mise en place
du projet Lituanie 99. Un projet sur lequel les artistes travaillent depuis
un an, faisant à la fois preuve d'un pragmatisme nécessaire,
étant donné le peu d'aides financières dont ils disposent,
et d'un idéalisme artistique qu'ils souhaitent porter avec passion en
Lituanie. Ce pays, ils l'ont choisi parce qu'il reste encore peu connu
aujourd'hui et qu'il représente un nouvel horizon de l'espace
européen. Ils espèrent y rencontrer d'autres étudiants et
artistes prêts à se greffer à leur groupe. C'est donc un
spectacle vivant que ces jeunes artistes veulent présenter la-bas. Leur
projet privilégie en effet la possibilité d'échanger avec
leur futur public. Chaque représentation devrait se terminer par des
rencontres informelles autour de spécialités françaises dont ils
chargeront le minibus qui les conduira d'abord au Festival International de
théâtre de rue de Vilnius, capitale lituanienne, après une
escale dans un théâtre berlinois. Toujours dans ce but, les
membres du collectif souhaitent un spectacle très visuel. Ce dernier
prend forme durant ce mois de juillet, un mois entier de création et
d'échanges inter-disciplinaires. L'idée de départ est
celle d'une mise en scène dynamique, alternant mimes et percussions
corporelles, musique et chants, à partir des danses des cordiers de
sicile. Sur des airs rythmés, ces chorégraphies aujourd'hui
oubliées, mais autrefois adaptées aux travaux des cordiers, sont
apparues comme une base de départ riche et propice au projet d'un
spectacle réunissant les différentes ressources artistiques des
intervenants.
Une règle, celle de la gratuité des spectacles
Reprenant un texte de Patrick Pézin, le groupe exprime sa volonté
de former "un groupe d'individus (...) essayant de recréer l'image d'un
continent Théâtre à jamais disparu". Le collectif s'est
ainsi forgé une règle à laquelle il entend ne pas
déroger : celle de la gratuité des spectacles. D'abord parce que
les membres de la compagnie se réclament de l'amateurisme, ensuite parce
que les subventions dont ils ont pu bénéficier, ils souhaitent les
rendre au public et quitte à ne pas avoir d'aides financières,
payer les spectacles de leurs deniers. Des esprits certes solubles, mais surtout
inventifs et courageux.
Armelle LE GOFF - Lyon Figaro - 8/07/99
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