Un peu d'intranquillité, que diable !
Le Collectif des esprits solubles présente pendant trois jours un drame lyrique en cinq actes inspiré de l'oeuvre de Fernando Pessoa.
Formé à la composition musicale dans la classe d'Arnaud Petit au Conservatoire national de région de Grenoble, Yannick Chapuis avait l'intention de proposer une pièce pour un ensemble (à vent ou à cordes) pour terminer son cursus.
Qu'à cela ne tienne, il ambitionne de dépasser la commande et se tourne vers un autre esprit soluble, Martial Rauch, avec lequel il a déjà collaboré lors de la création de "Sade ... N'y allez jamais sans lumière". Ensemble, ils choisissent d'adapter "Faust, tragédie subjective" de Fernando Pessoa sur lequel le poète travailla de son adolescence à sa mort. Ils se sentent en affinité avec la démarche de ce poète "intranquille" qui chercha à ne jamais s'enfermer dans ce qu'il inventait de discours et de systèmes possibles, toujours poussés à leurs extrêmes limites ... avec persévérance. En écho, la composition de Yannick Chapuis est basée sur le principe de la musique sérielle, système qui -s'il a fait aveu d'impasse- porte peut-être toujours en lui les fragments d'une construction.
Les deux complices des esprits solubles soutiennent la gageure d'approcher "Faust", figure emblématique qui n'a cessé de solliciter écrivains, compositeurs et artistes, de Christopher Marlowe à Louis Calaferte, de Berlioz à Alfred Schnittke. Le mythe faustien est toujours bien vivant aujourd'hui, il engendre de ces héros qui aspirent à trouver leur compte de pouvoir et de puissance au mépris de leur intégrité. Celui de Pessoa s'éloigne du ressort dramatique et représente un homme face à lui-même, à sa conscience et à l'échec. L'oeuvre fragmentaire et lyrique de Pessoa résonnera au Théâtre 145 dans une pièce pour un comédien, une soprano et un ensemble à vent (musiciens en 3e cycle du CNRG)
Raphaelle BRUYERE - Sortir - semaine du 26/01/05 au 02/02/05
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