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Sade ... N'y allez jamais sans lumière

Essai lyrique inspiré de l'oeuvre de Donatien Aldonse François, Marquis de SADE

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« Quand on veut examiner le monde avec des yeux moins prévenus que ceux que la jeunesse a toujours pour lui, on trouve que c'est une servitude éternelle, où nul ne vit pour soi, où pour être heureux il faut pouvoir baiser ses fers et aimer son esclavage ; il réveille dans les hommes les passions les plus violentes et les plus tristes, des haines éternelles, des perplexités odieuses, des craintes amères, des jalousies dévorantes, des chagrins accablants.

Les plaisirs les plus vifs portent avec eux leur amertume. Le jeu lasse par ses faveurs et par ses caprices ; les conversations ennuient par les oppositions d'humeurs et les contrariétés de sentiments dont l’amour propre est offensé. Les passions et les attachements tendres ont leur dégoût et leur contretemps. Les spectacles deviennent fades parce qu’on y porte des âmes dissolues et incapables d’être réveillées que par les excès les plus monstrueux. Le monde enfin est un lieu où l'espérance même qu'on regarde comme un bien, rend tous les hommes malheureux, où ceux qui n'espèrent rien se croient plus misérables encore, où ce qui plaît ne plaît jamais longtemps, où l'ennui est presque toujours la destinée la plus douce et la plus supportable qu'on puisse y attendre, c'est pourtant ce qu’on préfère à toutes les promesses de la foi.

En secouant le joug de Dieu en est-on plus libre ? On change une servitude honorable contre une servitude honteuse ; on quitte un état tranquille pour gémir sous la tyrannie des passions et des vices ; nos désordres nous rendent également criminels et malheureux.

Les gens qui cherchent toujours le plaisir, qui en font leur unique occupation n'en trouvent guère qui les satisfassent, on connaît combien il est difficile de plaire au monde, cependant on se soumet à la tyrannie. On court sans cesse après son approbation ; la vie se passe dans cette servitude parce que nous n’avons pas le courage de nous élever au-dessus des opinions vulgaires. »

Donatien Aldonse François de SADE
extrait d'un cahier inédit intitulé "Mes pensées"


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