«
haut les mains ! pour accueillir l’ange qui va tomber /
s’effeuiller en neige de lucioles sur vos têtes /
ciel affaibli par le vent qui a tant soufflé /
nous payerons des souffrances les innombrables dettes
homme approximatif comme moi comme toi [...] et comme les autres /
amas de chairs bruyantes et d’échos de conscience /
complet dans le seul morceau de volonté ton nom /
transportable assimilable poli par les dociles inflexions des femmes /
divers incompris selon la volupté des courants interrogateurs /
homme approximatif te mouvant dans les à-peu-près du destin /
avec un cœur comme valise et une valse en guise de tête /
buée sur la froide glace tu t’empêches toi-même de te voir /
grand et insignifiant parmi les bijoux de verglas du paysage. /
cependant les hommes chantent en rond sous les ponts /
du froid la bouche bleu contractée plus loin que le rien /
homme approximatif ou magnifique ou misérable /
dans le brouillard des chastes âges /
habitation à bon marché les yeux ambassadeurs de feu /
que chacun interroge et soigne dans la fourrure de caresses de ses idées /
yeux qui rajeunissent les violences des dieux souples /
bondissant aux déclenchements des ressorts dentaires du rire /
homme approximatif comme moi comme toi [...] /
tu tiens entre tes mains comme pour jeter une boule /
chiffre lumineux ta tête pleine de poésie »