« J'ouvre par effraction ma viande scellée.
Je veux habiter dans mes veines, dans la moelle de mes os, dans le labyrinthe
de mon crâne. Je me retire dans mes intestins. Je prends place dans
ma merde, mon sang. Quelque part des corps se brisent, pour que je puisse
habiter dans ma merde. Quelque part des corps s'ouvrent, pour que je puisse
être seul avec mon sang. Mes pensées sont des plaies dans
mon cerveau. Mon cerveau est une cicatrice. Je veux être une machine.
Bras pour saisir jambes pour marcher aucune douleur aucune pensée. »
Heiner MÜLLER
"Hamlet-Machine" (1977)
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1 - Toute la vie des sociétés
dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s'annonce
comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était
directement vécu s’est éloigné dans une représentation.
4 - Le spectacle n’est pas un ensemble d’images,
mais un rapport social entre des personnes, médiatisé par
des images.
18 - Là où le monde réel
se change en simples images, les simples images deviennent des êtres
réels, et les motivations efficientes d’un comportement hypnotique.
(...) Le spectacle est ce qui échappe à l'activité
des hommes, à la reconsidération et à la correction
de leurs oeuvres. Il est le contraire du dialogue.
21 - A mesure que la nécessité
se trouve socialement rêvée, le rêve devient nécessaire.
Le spectacle est le mauvais rêve de la société moderne
enchaînée, qui n'exprime finalement que son désir de
dormir. Le spectacle est le gardien de ce sommeil.
164 - Le monde possède déjà
le rêve d'un temps dont il doit maintenant posséder la conscience
pour le vivre réellement.
Guy-Ernest DEBORD
"La société
du spectacle" (1967)
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